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A rose in a field of thorns, a strange safe in a paper heart.
4 avril 2014

« Le vent souffle sur la plaine. Le sang coule,

 

louve blog

 

 

« Le vent souffle sur la plaine. Le sang coule, imbibant la terre de son fer, de sa puissance meurtrière. »



Dans la douceur crépusculaire, le désespoir déclencha la colère de la bête. Il lui fallait mordre. Il lui fallait assouvir sa peine... partout autour d'elle, des boyaux, du sang, du carnage. Mais qu'était t'il arrivé ? Ou était les petits dont elle avait donné naissance il y a voilà deux jours ? Et pourquoi n'avait t'elle rien entendu, rien senti ? Sa tête était lourde, sa vue se troublait... déboussolée et folle de rage, la bête s'élança dans les feuillages, courant vers un but inconnu. Ecorchée par les ronces, déséquilibrée par les roches tranchantes, fouettée par le vent ailé, aveuglée par la terre que soulevait ceux qu'elle faisait fuir, elle continuait haletante le chemin vers la délivrance. 

Après une interminable lutte contre les branches meurtrières et les obstacles, elle déboucha sur une clairière aux hautes herbes, parcourue d'un cours d'eau calme et étincelant. Exténuer, le regard aveugle et fou, elle s'échoua lamentablement sur la rive. Le souffle court, elle ne ressentait plus que la douleur de ses pattes, de ses muscles, les profondes entailles d'un mal qui la ronge. Puis dans le silence matinal, des pas, des chuchotements, puis un ricanement glacial. La bête gémie. Elle n'avait plus aucune volonté. Soudain, le vent lui mena à porté de museaux une odeur familière. L'odeur de ses entrailles, de ses enfants. Grognant, la rage faisant place à la démence, elle se releva tant bien que mal, tout croc sortis, faisant face à ses prochaines victimes. La bête se releva de toute sa hauteur puis se préparant à l'attaque, bondit. Et la suite... un coup de fusille, un long gémissement, un bruit d'affaissement... des rires, encore. Des rires écœurants. Le bruit d'une lame sur son fourreau, puis la merveilleuse mélodie de complaintes douloureusement aigues. Et tout se termine.

Le ciel doucement s'éclaire, arborant des couleurs indigo et ocre ensanglantées. La nature peu à peu s'éveille, et tout deviens vie, là où un peu plus tôt, la mort avait érigé son tombeau. 
Le vent souffle sur la plaine. Le sang coule, imbibant la terre de son fer, de sa puissance meurtrière.
Car il en a fallu, de la force, du courage pour affronter tant de souffrance. La mort dans les yeux, la mort dans l'âme, la mort de tout une vie... doucement se liquide poisseux descend sur le cours d'eau, mélangeant le poison des hommes à l'eau de vie.

Quand la mort s'associe à la vie, ceux qui doivent payer, paient. Ainsi quand en aval les doux braconniers se désaltérèrent, ils goutèrent aux mêmes drogues hallucinatoires et aux somnifères dont ils avaient usé sur la louve pour lui enlever ses petits. Trop facile... le jeu se terminant trop vite à leur goût, la joie de la persécution leur avait remplie l'âme. Jusqu'à cette clairière remplis de lumière, ils avaient ris de tout leur soul. La nature c'est fait justice, rendant à cette louve la dignité qu'elle mérite. Tout au long de ce texte, cette brave mère détruite par le chagrin c'est fait appeler « la bête ». Il serait peut être temps de ce demander qui est la cause d'une telle bestialité, et si l'homme ne serait pas maître de la cruauté qu'il condamne sous son propre toit.

 

 

Gaya

 

 

 

25 juillet 2010

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Commentaires
A rose in a field of thorns, a strange safe in a paper heart.
  • Folie des zygomatiques dans l'âme, la simple complexité des choses me fascine, et je me complet avec délices dans la vase purgatrice de la dialectique. Attention à mon humeur taquine et mes idées noires qui ébranlent l'Intellect et font peur à l'Art.
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